Se contentait de discrètes pulsations,
Tant ses précédents rares essais à battre fort
L’avait fait extrasystoler comme on hoquète
d’avoir bu un verre d’eau trop vite.
Ne comprenant l’emballement, devint timide,
peinait à inviter oxygène dans ses ventricules
Et vivait donc étouffé de n’oser pulser.
Cerveau, d’habitude si prolixe
À tumultuer des pensées
Pour échafauder l’impossible,
Se murait, couard, derrière un déni de circonstance.
Ventre,
Deuxième cerveau désigné,
N’était pas davantage disponible,
occupé qu’il était à digérer toutes les émotions par là passées,
Et vacillait des viscères devant ce travail de titan.
Articulations, précédemment si déliées,
Jadis si promptes à l’action,
Solutions toutes trouvées pour éluder,
Semblaient clouées sur place,
Grinçant-couinant à chaque mouvement.
« Pars, vole, émeus-toi !!… »
D’où vinrent ces mots ? Nul parmi eux n’aurait su dire mais tous étaient convaincus :
« Coeur, ce message t’est adressé ! »
Habitué aux coulisses, celui-ci ne voulut entendre, préférait rester caché
Mais, devant de tous l’insistance, se retrouva scène devant.
Artères, c’est bien sa veine, s’ouvrirent en grand, direction poumon gauche,
Et, nul arrêt annoncé, tous chevaux lancés, Coeur vit débouler hémoglobine.
Que faire ?
Cerveau toujours muet, ventre congestionné, bras ballants,
Coeur était à lui-même livré,
N’eut autre ressort que de pulser, pulser, pulser pour ne pas finir noyé.
Vas-y que globules, dans le tourbillon arrivé, aussitôt repartirent, qui aux jambes, qui aux mains, qui ailleurs et partout jusqu’à la tête.
En elle le niveau montait titaniquement aussi cerveau, dans l’urgence, ne réfléchit plus et redistribua :
« Fais-ci !! Fais-ça !! Avance !! Recule !!… »
Comment voulez-vous ?
Ainsi mue, la machine marcha, plus jamais ne se tut, entama et termina ce qu’elle avait commencé, engagea d’autres mouvements, flux continu amené à jamais se tarir tant que coeur, chef d’orchestre redécouvert, y mettrait du sien à l’ouvrage.