Chat’lumeau

Braise-file-avec-le-vent vit la fumée s’extirpant de la forêt.

Jamais il n’avait vu tel feu, telle fumée sinon créés vilement par son so-long ennemi mortel, le dodo incendiaire.

Il fila prestement, direction les flammes car, c’est bien connu, tous les proverbes indiens d’Amérique le rappellent à outrance : « Au pied des tisons, git un dodo ricanant ».

Quelle ne fut pas sa surprise quand il aperçut un chat, tentant maladroitement d’éteindre le feu.

Brave chat !!

Le félin honnête avait vu le gredin, l’avait sûrement admonesté, faisant fuir le couard pyromane et, plutôt que de passer son chemin, il bravait tout danger pour sauver les végétaux.

Braise-file-avec-le-vent se rappela son enfance, Custer, les massacres, les cris, tout ça (impossible de dormir) et aussi Danse-avec-les-loups -un excellent film selon lui- John Wayne, ce sacré cow-boy… Sacrée époque !

Le temps qu’il se remémore, et malgré de Chat les tentatives, toute la part Ouest de la forêt avait disparu.

Par gourmandise, Feu partit à l’Est continuer son oeuvre.

Qui saurait ou pourrait ou voudrait seulement l’arrêter ?

Qui ? Peu de volontaires.

Pom’ craignait de finir cuite, Sorcière avait des réminiscences traumatiques d’ascendants ayant fini au bûcher, Arbre ne serait qu’une énième victime.

Restait caillou.

Petit, pendant que ses parents travaillaient à la mine, il avait fait des camps scout et il n’était jamais le dernier à s’installer autour du feu de camp pour que celui-ci se tienne bien droit, à sa place, loin des feuillus.

De son corps, il fit barrage.

Feu fut étouffé, cerné par minéral. Tenta une sortie par la gauche, une échappée par la droite mais, toujours, caillou en travers du chemin venait.

Ainsi s’éteignit l’ogre rougeâtre.

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