
Repus d’avoir tout déversé, les nuages s’en furent par devers la montagne en quête d’autres paysages à noyer.
Caillou sortit de son trou et de ses pensées.
La pente devenue boueuse n’allait pas lui faciliter ascension mais caillou n’avait pas traversé millénaires pour bloquer devant écueil aussi léger.
« Sans une bonne technique, la puissance n’est rien » un panneau publicitaire lui apporta la réponse.
Merci panneau publicitaire pour outillage allemand adroitement installé en pleine montagne.
Il usa de bonne technique pour débuter l’ascension et n’eut donc pas à utiliser trop de puissance.
Voilà ce qu’était la vie de caillou, pas différente de toute autre vie, jalonnée de conseils subtilement -ou pas- portés à son attention et qu’il voyait -ou pas.
Bord de mer. Il n’était encore que gros grain de sable. Jouait avec ses congénères dans la houle, à se faire emporter, d’abord plus avant sur la plage puis repartir, saisi par le flot inverse, vers le grand large.
Le soir, au bar de la plage, un verre à la main, deux ou trois dans le pif, il se lançait sur ses envies de partir loin travers océan, choisir la bonne vague, glisser, saisir le courant complice et puis, dieu sait où le vent voudrait le porter, découvrir un autre chez-lui.
Les autres riaient. Caillou disait toujours ça, surtout un verre à la main et deux-trois dans le pif mais on le retrouvait le lendemain sur la plage. Et le surlendemain.
Ils riaient mais lui savait qu’un jour…
Ce jour-là, il n’avait pas vu le drapeau rouge (ndla : un drapeau rouge peut être qualifié de signe envoyé par la vie).
Grand vent, gros temps, fortes rafales, vagues monstrueuses.
Les humains étaient partis vite mais bon !! Qu’est-ce qui n’effraie pas cet animal étrange ?
Du coup, caillou continua à jouer. Puis Raaaaa-taaaa-plan, le voilà embarqué, trimballé, remu-secoué, ce qui est bien plus violent que d’être d’abord sécoué puis remué…
Bref, quand il reprit connaissance milieu de mer, trois miles -à vue de caillou- le séparaient de la plage.
Trois ans flotta-t-il jusqu’à son prochain port d’attache.
Aussi, dans cette pente, le bas du silex embourbé et mouillé lui rappellait l’épisode…
Ou alors… Peut être que le bas du silex embourbé et mouillé lui rappelait le Viet-Nam….
Ah oui ! Peut être ?
Je checke avec lui, je reviens vers vous !