Un pas

Sa peau réagit instantanément, la fibre n’était pas agréable; le miroir confirma le tombé incertain, la couleur qui dépréciait son teint.

Elle ôta le vêtement, décidée à passer à la pièce suivante, quand elle ressentit, dans sa poitrine, cette brûlure, d’abord légère puis graduelle, alerte et insidieuse. Elle s’assit, inspira profondément, sentit ses poumons se remplir jusqu’à l’exagération sans que l’air ne parvienne à calmer le feu attisé. Elle expulsa l’air longuement, recommença cette même manœuvre, saccada l’expire sans que cela n’apporte plus d’apaisement.

Un incompréhensible affolement la gagna, glissant du ventre jusqu’à ses poumons, grimpant jusqu’à sa gorge pour la nouer sèchement.

Elle remit son pull, le rideau de la cabine d’essayage résista au pliage. Elle le repoussa, sortit de la cabine. Claire l’attendait tout sourire avec un chemisier bleu clair. Quand elle la vit, inquiète, son visage se referma :

« Tu vas bien ?

– Je ne sais pas… Je crois que c’est tout ce monde ici, cette chaleur… Je sors prendre l’air…

– Ok…

– Je reviens… »

Elle n’attendit pas une réponse, slaloma entre clients et présentoirs, glissa en sortant un rictus coincé au vigile en gage de « Je ne me sens pas bien ».

La rue. Les bruits. Un fourgon arrêté sur une voie, les klaxons s’invectivant, les gestes agressifs en chaîne. La fureur n’était pas qu’en elle.. Elle partit dans la direction opposée.

Elle accéléra, ses talons claquant le sol jusqu’à s’harmoniser à la cadence de son cœur tambourinant.

Elle s’arrêta enfin, posa  la main sur l’écorce rassurante d’un arbre citadin. « Vous allez bien ? » Gentille sollicitude d’une dame à laquelle elle répondit poliment que « Oui, ce n’était rien… » Un peu de fatigue sûrement.

La brûlure toujours. L’inquiétude encore. Puis l’intuition. Temporiser, marcher, respirer, la solution était dans le mouvement et le calme.

Quelques secondes et son téléphone vibra. Claire bien sûr. Que dire ?

Elle tourna sur elle-même pour se situer. C’est à cet instant qu’elle vit la vitrine de ce salon de thé. La tension s’évanouit. La vitre, les gâteaux offerts en présentation aux curieux, peu de personnes attablées derrière le reflet du verre.

Elle s’ausculta. La douleur était bien partie. Et cette intuition à nouveau. Entrer. Simplement.

« Je reviens dans 5 minutes. Je vais bien ! » Elle saisit la poignée qu’elle tourna, accueillie par le tintement d’une clochette.

Un pas à l’intérieur, portée par une légère brise glissant dans ses cheveux.

Elle sentit ce regard posé sur elle. Comme un appel d’air qu’elle suivit.

9 réflexions sur “Un pas

  1. l’irrésistible appel du mouelleux au chocolat ?? je plaisante et ce n’est pas bien, pas nécessaire ici. Il faut juste attendre (avec un peu d’impatience) la suite, juste attendre la suite….

  2. « Comme un appel d’air qu’elle suivit » Elle a raison, pas besoin de plus pour entrer. 🙂
    Bon, je le dis encore ? Allez, oui. J’aime beaucoup !!

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