Ce sentiment des plus nobles, né en plein cœur, cherchait encore sa voie.
Trop souvent sous-employé ou mal utilisé, il s’était retrouvé imbriqué dans des relations intimes maladroites ou douloureuses ramant jusqu’à vau-l’eau, où, trop calculé à son goût, aussi mal compris de l’un que par l’autre, il ne trouvait jamais sa place entre mots manquants d’actes et actes créant des maux.
Ce constat sévère mais réel l’avait amené à quitter maintes de ces histoires, laissant doute et ennui s’emparer de ces royaumes déjà compromis; il repartait donc inlassablement sur les grands chemins des émotions en quête de l’épopée tant espérée.
Il rêvait d’être vécu intense et accueilli, il souhaitait être employé pur, sans édulcorant ni contrôle, répondre à des attentes collant au plus près de sa définition originelle.
Rêvait-il seulement ? Non, il ne se résoudrait jamais à abandonner? Puisque tant imploraient de le vivre, il saurait trouver deux âmes prêtes à valser à son rythme.
Il était convaincu, cela adviendrait, il n’avait pas été inventé pour nourrir les contes et faire vibrer les lits esseulés; c’était un jeu de patience : guetter le volontaire, le rencontrer, le côtoyer jusqu’à s’apprivoiser mutuellement, ne faire qu’un, raisonner à la première personne pour ouvrir les champs d’une future devenue, dès lors, possible.
Il le rencontra un jour. Non pas que l’homme était prêt mais en lui couvait l’espoir de n’être plus guidé par le manque, en lui vibrait l’écho de grandes aspirations.
L’approche ne s’en révéla pas moins délicate, l’animal était blessé, déclaré ouvert mais craintif par expérience; dans les premiers instants, il refusa son aide, ne comprit rien à ce qu’il connectait, cherchant dans sa tête une validation quand son cœur lui criait « Fonce ! ».
Car son cœur savait. Qu’il était temps, qu’il était prêt.
Il mit le temps nécessaire à écouter cette nouvelle pulsation, il prit les précautions dont il avait tant besoin pour s’ouvrir.
Et, enfin, il l’accueillit pleinement. En un instant, dès lors qu’en lui, toute résistance lâcha.
Il s’en souvient encore. Il était 15h21, il était assis, dans un café.
La porte d’entrée de l’établissement s’ouvrit, caressant la sonnette d’accueil; une brise glissa sur sa nuque et il tourna la tête…
(image : Le semeur au soleil couchant – Vincent Van Gogh)
C’est du grand pat’dans l’encre de velours !!! (mais quel est donc ce sentiment mystérieux ??)
Merci, Carnets !!! Pour le sentiment, fort peu d’indices en fait… On sait qu’il est noble mais sinon… ???
Oh, joli. Il y a comme un écho au précédent texte. Je me trompe ?
Ah, l’amour, si fragile, si fort..
Tout à fait, chère Laurence !!! Un joli et harmonieux écho !! Merci à toi !!!
Cette façon de personnifier les ressentis, whouah !
Prestidigitateur de l’encre, tu es.
Merci Jo, tu es un amour !!