Une légende de l’Univers

cristaldeneige

Gouverné par l’audace d’une éternité d’étoiles à lui seul dédiée, le ciel crépusculaire toisait le Laarr¨d’Flygtuck, se réverbérant en chacun des cristaux de la lande enneigée jusqu’à la déguiser en lune.

Randonnant sur la poudre blanche devenue fluorescente, les jeunes Ijdätra et Pkatroÿ à sa suite, Oïyok se sentait d’humeur à conter son pays, choisit d’évoquer le seul centimètre carré d’ombre qui exista un jour en cette plaine désertique.

Car oui, en des temps fort longuement reculés, comme l’Univers n’était que nourrisson et que les lumières de l’infini inauguraient leurs premiers scintillements, une parmi tant d’étoiles, firmament débutant, n’accompagna pas le mouvement lumineux général supposé partir mouiller de brillance les planètes de la galaxie.

Celle-ci s’attarda à se découvrir en ses traits multiples, scruta son noyau flamboyant, sa surface déchaînée par mille feux qui voulait cracher dans l’Univers une colère qu’elle ne reconnut pas sienne.

Pourquoi hurler des flammes quand l’émerveillement de cet autour-d’elle était spectacle plus à même de l’éteindre ?

Elle prit le temps d’absorber le cadeau, l’instant, elle cueillit cet infini offert et, seulement quand elle sentit qu’il était temps, elle s’évapora en flammèches et celles-ci purent rejoindre le flot de photons parti en aventure à travers l’espace-temps.

L’incidence de cet instant de latence fut notifié des milliers d’années plus tard sur ce Laarr¨d’Flygtuck nouvellement apparu, recevant dans l’instant de sa naissance une lumière virginale en tous ses points sauf en un centimètre carré resté blotti dans l’ombre quelques secondes durant.

Cet instant se cristallisa dans l’architecture des cristaux de ce centimètre à nulle autre pareille, restée scellée depuis sans qu’aucun rayon de quelque soleil que ce soit, sans qu’aucun élément extérieur n’ait pu en altérer la primale expression, comme figée dans l’éternelle obscurité de sa naissance.

Les éléments, complices avoués de l’Univers, vouant à cet endroit un culte absolu, provoquèrent rencontre de plaques tectoniques tout autour de ce centimètre carré jusqu’à en faire cime d’un promontoire abrupt de 500 mètres.

Quand leurs printemps se compteront en une quinzaine, les jeunes Ijdätra et Pkatroÿ auront, comme leur père et tant d’autres auparavant, pour rite initiatique d’aller en caresser du bout des doigts l’affleurement, déposant là l’éternité de leur enfance pour avancer sereinement vers l’âge mûri.

« Est-ce haut ? »« Est-ce difficile ? » demandèrent-t-ils, inquiets.

« Ce sera à la hauteur de vos craintes et espérances, ni plus ni moins… »

Le sésame escarpé se présentait à eux dans la clarté du royaume de la nuit, cime inaccessible à cette heure, passage merveilleux vers un nouveau monde le jour venu.

 

 

 

 

 

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