Concours agenda ironique de Janvier 2016

Le spectacle continue et notre Dame Loyale du mois, Patchcath, nous a concocté un concours immaculé, tonalités de blanc garanties.

Je me suis tourné à 30 puis 45°, me suis assoupli, pré-lavé car c’est plus sympa pour tout le monde et j’ai lancé la machine.

Ma participation :

Le Dieu-lapin

C’était un joli mois d’été au Laarr¨d’Flygtuck (toujours ce fameux Nord-Nord en langue du Sud), la neige était tombée en abondance la nuit dernière et la température était remontée sensiblement depuis quelques semaines, oscillant entre un agréable – 5° et un doux – 2°C aux plus belles heures de la journée.

Les enfants avaient donc été autorisés à aller fouler la poudreuse survenue.

Pkatroÿ avançait fièrement, tournant la tête pour voir la suite de traces qu’il laissait comme dans un monde encore inexploré.

Sa petite soeur, Ijdätra, avançait plus difficilement : sa capuche fourrée tombait systématiquement sur son nez et, s’enfonçant conséquemment à chaque pas, il lui fallait fournir un effort important pour progresser.

Elle rejoignit son frère comme celui-ci était allongé dans la neige en haut d’une butte.

 » Chut Ijdätra ! Approche-toi doucement ! »

Elle obéit, s’agenouilla puis rampa en aveugle, sa capuche agissant comme la lame d’un chasse-neige pour dégager l’espace au fur et à mesure de son avancée.

Pkatroÿ posa une main sur son épaule et elle releva la tête.

« Regarde ! » lui dit-il en pointant du doigt l’autre côté de la butte.

Là, dans un recoin blanc, un forme blanche semblait bouger.

« Un lapin ! » précisa Pkatroÿ. « Un lapin pris au piège. »

En effet, celui-ci avait une patte garrotée par une corde et tentait en vain de se libérer de la douloureuse emprise.

« Oh non ! Pkatroÿ, On ne peut pas le laisser comme ça !

On va le libérer mais il faut agir doucement, sans quoi il va prendre peur et se faire bien plus mal. Suis-moi ! »

Pkatroÿ se leva et commença à avancer très doucement.

« Il faut surtout rester dans son champ de vision pour l’effrayer le moins possible. »

La forme s’immobilisa.

« On va lui parler, le rassurer.

– Il est beau !

– Oui ! On croirait le dieu-lapin !

– Le dieu-lapin ?

– Papa ne t’a jamais raconté ?

Non !

– Longtemps, longtemps avant nous, même longtemps longtemps longtemps avant Papa, les lapins vivaient en des contrées chaudes, dans des forêts, des campagnes vertes. Ils n’étaient pas blancs, ils étaient marrons et ne pouvaient aisément se cacher. Et les hommes déjà les chassaient.

Devant l’hécatombe parmi les siens, le dieu-lapin les guida jusqu’à notre Laarr¨d’Flygtuck et là, encore plus vulnérables, une pluie de neige s’abattit sur eux…

– Oh non ! Les lapins vont mourir de froid !

– Penses-tu ! Cette neige était des plus douces et, si les premiers flocons ne firent que mouiller leur pelage, petit à petit, flocon par flocon, poil par poil, la neige commença à changer les pelages en blanc… Jusqu’à ce que tous les lapins soient blancs comme neige. Ils purent ainsi, en se recroquevillant, échapper aux chasseurs lancés à leur suite.

– Ouf !

– Oui ! »

Pendant que Pkatroÿ racontait l’histoire, ils avaient minutieusement et calmement fait pas à pas le chemin jusqu’au lapin. Celui-ci n’avait pas bougé. Tout juste sembla-t-il frémir quand Ijdätra approcha une main pour le caresser.

« Les animaux sentent si on leur veut du bien. Prends-le dans tes bras, je vais desserrer le nœud. »

Elle s’exécuta et l’animal sembla comme apaisé, il ne fit aucun mouvement brusque pendant que le garçon tentait de défaire le collet.

Une fois libéré, il lui massa la patte.

« Apparemment, plus de peur que de mal ! Notre ami en sera quitte pour quelques poils perdus.

– Tu as entendu, Dieu-lapin ! Tu es libre. »

A ces mots, celui-ci fit un premier mouvement, léger, puis leva la tête, remua la patte libérée et descendit tranquillement des bras de la demoiselle.

Il fit un bond, deux bonds, se retourna vers ses sauveurs, revint vers eux puis, d’une nouvelle volte-face, partit à grand renforts de bonds vers la suite de ses aventures.

Les enfants décidèrent de rentrer car le vent s’était levé, enlevant quelques degrés à l’atmosphère de cette mi-journée.

Oïyok les attendait devant la hutte.

Ijdätra lui sauta dans les bras :

« Papa, on a sauvé le Dieu-lapin !

– Le ?…

– Mais si, Papa ! Le dieu-lapin venu des climats chauds… » lui glissa Pkatroÿ en y ajoutant un clin d’oeil.

« Ah ! Ce dieu-lapin là !

– Parce qu’il y a plusieurs dieux-lapins ? » interrogea Ijdätra.

« Euh ?… Oui ! Bien sûr ! » assura Oïyok.

« Tu me raconteras toutes leurs histoires ?

– Toutes !… Et donc, vous avez sauvé un lapin…

– D’un piège…

– Le vieux Trasürr ne sera pas content !

– J’ai fait comme tu m’as montré, je n’ai pas coupé la corde, juste desserré…

– Bon… Ijdätra, ton frère t’a-t-il raconté que le dieu-lapin s’est un jour sorti tout seul d’un piège ?

– Non !

– Eh bien, ce sera notre histoire de ce soir ! Mais maintenant, c’est l’heure de manger ! Tu vas te laver les mains et tu me montres patte blanche avant de te mettre à table ! »

29 réflexions sur “Concours agenda ironique de Janvier 2016

  1. Pingback: Mois blanc |
  2. qu’elle est jolie cette histoire ! Une histoire à retenir pour la raconter plus tard à mon petit-fils…qui grandit et ne va peut-être pas me croire ! Alors que cette histoire est vraie, bien entendu, hein ?
    « eeeeeeee » ma réponse toute en blanc ! 😉

  3. Je n’avais qu’effleuré la patte douce du dieu-lapin, la première fois que je suis passée ; effleuré aussi celle que tu as trempé dans l’encrier.
    Alors je suis revenue, plus attentive ; c’est tellement beau et magique dans ce pays du Nord-Nord que je n’aurais pas été surprise si le dieu-lapin avait pris la parole pour remercier les enfants de l’avoir libéré.
    Merci pour ce joli conte 😀

  4. C’est le Dieu lapin des cordages du bateau de l’histoire qui suit ?
    Et puis pour la lessive à basse température, skippy, (nous sommes jeudi, jour de sa diffusion ORTF) avec l’assouplissant cajoline, ses différents parfums, sa mascotte Robijntje…
    Ta machine à laver a fait du bon travail. Le Nord-Nord en langue du Sud ne lasse pas de surprendre. Quel brio.

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