Note du chat : Lors d’un atelier s’est créée une magnifique – pourrait-on lui attribuer autre qualificatif ? – correspondance qui méritait ici de prendre place… Il y est question de tendresse, de sentiments qui se dévoilent, d’Amour naissant, semble-t-il… Oui, un Amour naissant… Chat aime à le penser… Chat s’est mis dans la peau d’une Juliette fébrile et avide de bonheur et, miracle, son Alexandre a pris vie sous la fine et délicate plume de Bénédicte à qui, rendons à Cléopâtre ce qui…, je me dois de tirer chapeau et que je remercie pour son aimable participation à la nourriture de ce blog… Laissons-nous porter voulez-vous…
Une photo, quelques pixels suffirent pour que…
Cher Alexandre,
Me voilà enfin posée devant une feuille, le stylo en main.
Tu me sais frénétique, j’ai toujours eu beaucoup de mal à ne pas agiter ma vie en mille sens et j’apprécie d’autant de prendre enfin le temps d’écrire.
Surtout à toi !!!
J’ai tout ce qu’il faut, un plaid sur les jambes, une tasse de thé. Une vraie petite Mémé grabataire. Hihi.
J’ai mis le nez ce matin, dans un vieux carton, sur cette photo que tu avais prise de moi quand nous jouions aux hôtes et hôtesses lors du congrès de Nice.
Elle m’a surprise, je me suis demandée si c’était moi.
Pourtant, je l’ai si souvent regardée…
C’est moi et pourtant, ça paraît ne pas être moi.
On y voit juste mes jambes entrecroisées, en station.
On me croirait d’un calme angélique.
Je suis sûre que le haut de mon corps bouillonnait.
Que toi, tu aies su saisir cette parcelle de moi ne me surprend même pas.
Tu me manques. Tu étais mon lithium, j’avoue qu’à tes côtés, je me sentais rassérénée.
Oui, tu vois, j’utilise toujours des mots pompeux. J’adore !!!
Je n’ai pas changé !!!!
Bon, je suis peut être un peu moins fluette mais le reste de moi… Pareil !!!
T’écrire, c’est comme replonger dans nos moments de confidence, nos discussions interminables.
Tu te rappelles ces petites chaussures rouges que nous avions choisies ensemble ?
Je les porte sur cette photo. Elle est beaucoup de toi cette photo.
Je l’ai posée à côté de moi et je me sens moins seule ici.
J’avoue que j’ai quitté le calme pensant que la folie de la ville me serait plus familière mais je me sens plus happée que volontaire.
Je vieillis peut être ?
Tu m’avais dit que je serais toujours électrisée mais je crois que l’épuisement me guette ici.
Je reviendrai peut être. Je reviendrai au moins pour les vacances, histoire de voir si je suis toujours allergique au temps qui coule lentement.
Comment vas-tu ? Tu n’as parlé de toi que très peu dans ta lettre. J’aime tant quand tu te racontes, c’est calme, c’est fluide.
J’aimerais avoir ta quiétude et ta confiance. Moi, je brûle, je me consume.
Enfin, tout n’est pas noir. Enfin… Je ne crois pas…
Oui, je vais venir pour les vacances, il faut vraiment qu’on se voit.
Il le faut !!! J’y tiens !!
Je t’embrasse fort.
Juliette
Ma Juliette,
Quel bonheur d’ouvrir ta lettre ce matin !
De savoir que tu as pensé à moi en noircissant ces pages de ta petite écriture nerveuse et pressée, me maudissant peut être au passage d’être toujours le dernier des Mohicans, sans I-Phone ni internet.
Je prends le temps de lire et relire tes phrases.
Les yeux face à la Mer, je laisse remonter à la surface tous nos moments à deux. Nos fous-rires, notre étonnante complicité, nous qui étions si éloignés.
Ces fameuses chaussures rouges et dorées qui cadraient si peu avec la jeune fille simple que tu étais mais qui présageaient si bien de la femme que tu rêvais de devenir… Dommage que je ne sois pas doué pour lire les présages.
Elles t’ont fait voyager si loin de moi, ces petites chaussures rouges et dorées…
Je lis ta lettre et je m’étonne et je m’inquiète.
Reviens vite, mon petit papillon de nuit, avant de te brûler les ailes.
Contrairement à moi, ni la Mer ni la garrigue n’ont pris de rides.
Et, qui sait, un jour, peut être, saurons-nous te contenter ?
Alexandre, ta Pénélope
comme qui dirait : « on attend la suite !!!!! » & « faudrait voir à pas s’endormir trop longtemps sur la page blanche!! »…