… Euh ???… Il ne s’appelait pas Furyo non plus… Ni Pégase… Ni « Paradigme du Salut immature de l’âme »… Bref !!! Ce n’est pas grave… Enfin, je ne crois pas… Je ne pense pas que cela perturbe le cours de ce récit palpitant…
Au cas où, j’improviserai un nom sans m’en rendre compte… Faites comme si c’était celui-là… Je vous avertirai d’un clin d’oeil sinon furtif rapide… Restez concentrés, ne mettez pas d’oeillères !!!
Or donc…
N’étant encore que cheval de LAIE, notre héros fut propulsé en carrière en tant que représentant équidé d’une poudre cacaotée de petit-déjeuner supposée pouvoir booster l’énergie de pré-pubères débordants naturellement d’elle.
Personnellement, j’ai très vite interdit à 34 et 456 d’en boire… « Désormais, vous marcherez au Ricoré !!! C’est un ami, lui !! ».
Mais revenons à notre meilleure conquête de nous.
Que de parents furent contrariés par sa prise de position, devant, sinon en asile, au CLAE leur progéniture porter afin qu’ils calmassent leurs ardeurs !!
Erreur de jeunesse, cruel manque de discernement. Comment aurait-on pu prédire qu’il virerait aussi mal qu’un litre de lait en plein soleil ?
… Au lait, nous reviendrons tantôt… Donc… Comment anticiper le jour où la vie d’un cheval bascule ?
D’autant que, par la suite, mûrissant, il avait semblé bien mieux tourner, devenant cheval d’ATTRAIT lors de concours et autres équestres cérémonies durant lesquels ils multipliait ronds de pattes, pas de quatre et légères ruades afin de satisfaire le chaland endimanché et la chalande enchapeautée…
Il en faisait beaucoup… N’aurait-on point pu lui souffler que point trot n’en faut ???!!!
Hélas hélas les destins s’effacent devant arthrose précoce et, ne pouvant plus courbettes effectuer, notre meilleur ami fut réorienté comme cheval de TRAIT.
Il découvrit un dur et interminable labeur, tâchant de tracer son sillon au milieu de centaines à creuser, tirant charrue comme un boeuf.
Il souffrait des épaules, épuisé par le poids du joug, mis sous le joug du propriétaire et harassé par la non-propriété de sa personne.
Confondu par la triste évidence de son triste sort, il fut même confondu par une fermière peu habile des mots, de l’intellect et des gestes qui le prit pour animal de TRAIE.
Saisi en sa personne, sur laquelle il y avait clairement erreur, il la vit s’acharner sur lui afin que, comme vache qui pisse, il en plut des litres.
Le goût fut inattendu et la honte partagée.
La pauvrette était de cela récidiviste puisqu’elle avait déjà fauté en une région d’Italie où sa bêtise est encore moquée sous la célèbre histoire du « Cheval poli d’Sheila »…
Ca ne fera rire qu’un public oenologue… Mais j’avais prévu d’un jour m’attaquer à ce Monde de personnes vraies, de personnes amoureuses du sangc de la Terre qui les nourrit, de personnes fières, tout ça …
Cheval avait, lui aussi, sa fierté et Cheval fut outré et s’enfuit avant que, de lui, l’on ne fit pis.
Il se jura bien de ne jamais plus se faire mener à la baguette et, si telle déconvenue venait à resurgir devant lui, de compter jusqu’à TROIE avant de rester de bois.
Il était seul. Derechef. Et incompris de tous.
Comme il hennissait sa colère contre cette fichue chance et ce hasard poissard. « Hara sur le beau dé » qu’il criait !!!… Ouais !!!
Las et sans ressources, il devint cheval de TAIE, vendant sa mise sur oreiller au plus offrant, couchant sur paille pour cent sous sans se soucier de son image salie.
La concurrence était dure. Ses concurrents vernissaient leurs sabots, brossaient leurs croupes, mettaient harnais en cuir et selle en résille. Certains se vantaient même d’accepter la cravache, en option, pour convaincre l’hésitant.
Il eût dû arpenter les trottoirs en claudiquant du derrière pour attirer l’indécis.
De ces apparats, il ne voulait et se contentait, à l’ancienne, de montrer ses dents.
Cheval sentait sa vie cariée à jamais…
Balavoine eût chanté « Mon cheval, ma Bataille » que cette chanson lui eût allé comme cagoule hippique.
Il n’était clairement pas dans le tiercé gagnant pour le Bon Dieu et passa Cheval ATHEE.
Tous les contes merveilleux le disent : « C’est quand la disgrâce vous semble inévitable qu’enfin l’éclaircie apparaît »…
Ils le disent pas comme ça, j’adapte un peu… Mais c’est l’idée…
Enfin, on fit attention à lui, des yeux le couvrirent des attentions les plus fines. On lui promit d’être « le plat de résistance » d’un projet merveilleux…
Il lui fut tenu à peu près ce langage :
« Là-bas, dans une merveille campagne,
Où les arbres et les écureuils vivent libres,
Les écureuils parce qu’il n’y a pas assez de chair,
Vivent dans une maison, que dis-je, une ferme,
Un couple de gens extraordinaires
Qui, les animaux, à toutes les sauces, aiment.
Un endroit merveilleux… »
C’est vrai que la Roumanie est un endroit merveilleux.
Au revoir Cheval, au plaisir de te revoir un jour…
Quelle belle histoire !!! Vraiment… ça m’émeut… Je suis trop sensible… Je devrais pas… C’est trop pour moi…