Il s’était promis qu’une fois suffirait, qu’elle serait inaliénable, que son coeur serait gravé au fer vert (rouge sur rouge ne se serait pas vu) par ce moment-là, par cet être qui l’aurait touché à un point jamais atteint auparavant.
Il s’était juré qu’il saurait faire la part des choses de « l’AMour » qu’on guillemette soigneusement pour mieux le rendre (ou le vendre ??) spécial à chaque fois; lui ne se ferait pas prendre au jeu de « .. et si c’était elle… », lui la verrait laissant les autres de côté.
Il s’était convaincu que ses aiguisés sens percevraient la rencontre qui ferait force de garantie authenticité-fiabilité-longévité du sentiment réciproque et bail tacitement reconductible jusqu’à que bonheur s’ensuive et perdure.
Il s’était persuadé qu’il ne mangerait pas du pain rassi et dur des ruptures, fêlures, blessures, usures, morsures temporelles, des changements, des variations, des imprévus, des bifurcations, des carrefours mal négociés, des routes cabossées, des virages mal anticipés.
Il n’était pas si bon pilote. Ou, du moins, pas meilleur que d’autres.
La mécanique semblait bonne à première vue, le trajet étudié, la trajectoire définie… Mais le ronronnement de ce moteur qui se voulait huilé et sur de bons rails se transforma plus d’une fois en chaotique fracas de tôle et en dégâts corporels.
Lui qui pensait truster la première place dût passer par des qualifs, des sorties de route, des chocs frontaux, on lui fit les plus viles queues de poisson, on le poussa à la limite, il fut défait à la régulière par certaines de ses régulières.
Il se voyait planer au-dessus de tout cela, il eut droit à son lot d’aqua.
Et s’il s’en sortit, s’il se relevât à chaque fois, ce fut au prix de beaucoup de rééducation.
Du coeur.
De l’Âme.
La machine repartait tant bien que mal à chaque fois, la frénésie revenait petit à petit, l’envie de goûter davantage avec, l’ambition…
Et quand il sut enfin ne pas chercher l’autoroute à 4 voies rectiligne, longue, à perte de vue, quand il apprit à apprécier de juste en trouver l’accès, de prendre le ticket sans connaître demain…
Là, il découvrit le bonheur, la sérénité, un havre de paix sans lendemain établi, juste la plénitude du moment.
Là, il s’apaisa.
Là, il profita.
Là, il la vit.
Là, il vécut heureux et eut beaucoup d’….
On croit qu’en se SébastienLoebissant ou en se faisant greffer un GPS-du-bonheur, on est tranquille, sur la bonne voie…
mais comme disait « l’autre » : il n’y a pas de chemin, le chemin, ton chemin se construit chaque jour avec ses virages en épingles, ses autoroutes qui apparaissent et disparaissent et des « p*tains de ronds-points » mal foutus…