Spectacle étonnant.
Elle tournoyait encore et encore.
Herbe n’était pas folle, elle avait bien vu cette feuille presque amerrir sur la vague verte qu’elle et ses congénères formaient à l’épouse du vent puis l’arbrissette était repartie, haut, là-haut, en un ballet de cascades, traverser les bancs d’étourneaux, déchirer les corolles de nuages, comme narguant cette terre qui s’offrait à l’accueillir.
Herbe pensait « narguer » mais, dans ses mots flirtait l’envie plutôt que le reproche.
Elle se serait volontiers arrachée du sol pour rejoindre Éole et ses artifices invisibles, et courser au-dessus d’autres champs et prairies.
Elle se reprit en l’instant. Drôle de pensée, profonde ingratitude vis-à-vis de cette mère qui la nourrissait depuis toujours.
Herbe s’empourpra, chose peu commune pour qui côtoie chlorophylle, mais nul chuchotis de désapprobation autour d’elle.
Entre brins, on se serre les coudes, entre herbes, on se comprend, entre végétaux, on partage les mêmes rêves.
Celui de s’évader effleure chaque conscience et, dans leurs pensées, ils planent comme nul autre ne saurait.
Feuille, son tour de manège terminé, de grâce repue, dirigea son destin vers la promise demeure, cette haie verte où honneur lui serait rendu, dans un repos doux et apaisé.
Alors feuille vint se poser et herbe se fit réceptacle, goûtant déjà les histoires que sa nouvelle compagne saurait lui narrer, de vols, d’envols, vertige et légèreté.
Lui suffirait de fermer les yeux pour s’imaginer.
C’est joli… et apaisant.
Merci Domi !!
😊
Un texte merveilleusement doux et léger qui vient fêter un printemps peu ordinaire.
La vague verte ondule sous ta jolie patte encrée, et le miracle du souffle réunit
herbe et feuille. C’est un très beau conte pour enfants de mon âge, merci patte.
Merci à toi, Jo
Je prends l’air dans mes écrits, c’est bien agréable !!