Elle accourait, portée par les mistrals et tramontanes.
J’ai stoppé en l’instant mon jeu parmi les étourneaux et l’ai accueillie.
Elle a glissé sur mon onde, je l’ai emportée à travers les aiguilles solaires et les pluies fraîches jusqu’au nuages serpentins qui trônaient haut le ciel.
Ceints de leurs draps, nous virevoltions; je guidais, elle accompagnait nos chutes et ascensions, nous flirtions avec les flancs de montagnes, caressant les sillons et glissant au plus près des éperons.
Feuille frissonnait d’un plaisir que je partageais.
Plusieurs fois nous sommes passés, frôlant l’herbe et le roc, tourbillonnant entre l’écume et la vague et, comme notre galop s’essoufflait, et ma voile s’atténuait d’avoir tant foncé, des vents complices nous projetèrent encore pour juste côtoyer les éléments et repartir vers les cieux; et relancer encore.
J’en goûtai l’ivresse que m’avaient tant vanté les volatiles que je portai aux quatre cardinaux, d’être bercé, accompagné.
Notre danse s’est apaisée comme feuille m’indiquait sa destination.
Je l’ai déposée dans une prairie enchantée de fleurs bleues et blanches, sur un duvet d’herbe grasse qui lui ferait désormais nid.
Je suis retourné dans ce ciel, ma maison, appelé à suivre les courants, à galoper et me perdre dans des courses folles et infinies, nourri de son souvenir, de l’instant heureux de notre embrassade.
Vive le vent !