006 et demi venait de débarquer. Un peu de renfort ne serait pas de refus. Flanagan le sentait, le dodo était peu à peu aux abois, cerné, au point qu’il tentait désespérément d’allumer des contre-feux pour détourner l’attention.
Mais Flanagan, sûr de lui, confiant, convaincu… Bref Flanagan… Flanagan savait que le quartier des docks, comme dans tout polar qui se respecte, portait com’ sur mesure le costume du repaire de gredin.
Dans les années 60-70 de l’ère tertiaire, la mer, cette pleutre, s’était lâchement repliée en direction de Gdansk et le port de Varsovie avait peu à peu périclité pour ne plus être désormais qu’un repaire de gredins incendiaires n’ayant que peu souvent le pied marin…
« Le pied marin » !! Quelle drôle d’expression !!… Flanagan n’avait surtout connu que « des qui avaient la palme marine » et c’était plus souvent des poissons que des hommes… Il avait connu une femme qui l’avait… Disparue en mer un jour ! Dommage, elle avait un jolie voix. Envoûtante … Et très souple… Vraiment très souple !! Un peu comme Ingrid mais les facultés de dactylo en moins… Ingrid qui, elle, s’avère souple très souple mais a des pieds…
B… de M… de monde imparfait podologuement-parlant !!…
Les quais s’étendaient, mornes et solitaires, sans le moindre container à porter et les navires gisaient, arrimés au ponton, noyés dans une terre noire, envahis, presque mangés par une B.. de N… de D… de M… de végétation qui pullulait, nourrie par la non-pollution environnante.
Les dockers n’avaient qu’à boire en pensant que, chaque lendemain, ils n’auraient pas à se lever à des heures indues pour décharger le non-fret non-arrivé aux premières lueurs du matin… D’ailleurs, leur non-paie était à l’équivalent et ils buvaient des verres vides que le tenancier du bar prenait soin de non-remplir… Du coup, ils n’étaient pas ivres mais ils chantaient. Aussi mal que s’ils avaient bu… Mais ils n’avaient pas bu et ils savaient qu’ils chantaient faux… Alors, ils déprimaient…
Port de Varsovie, morne plaine où l’espoir de percer dans un radio-crochet, seul moyen objectif pour sortir de cette dure condition, était étouffé à la première soirée karaoké.
Que le dodo soit parvenu à se fondre dans cette masse clauquedicante de la bouche paraissait plausible. Du moins cela l’était-il pour Flanagan qui avait un cursus de 4 années de plausibilité appliquée à l’institut de Vache-le-viduc.
Déjà, l’animal chantait faux, ensuite, il n’aimait pas se lever tôt, enfin, il avait été adopté par une riche famille qui lui avait offert, à la suite de l’incendie où ils périrent tous sauf lui, une rente non négligeable.
Il avait d’abord pensé à déménager à Gotham-city, se grimer de noir et pourchasser malfrats et autres tristes sires mais, une chauve-souris avait gagné aux enchères le château qu’il comptait acquérir.
Dépourvu de pied-à-terre-de-palme, il était retourné à ses premiers amours, dévastation et vilenie.
006 1/2 et Quanah-au-syndrôme-du-bras-fantôme-fantôme partageaient son avis. Pas celui du dodo, celui de Flanagan. Un karaoké pourrait confondre l’animal et apporter un peu de baume aux pieds de ces malfrats.
Et quand on peut faire du bien autour de soi…
Je croyais que l’utilisation de l’huile de palme était proscrite… ah non, pardon ! Ce sont des pieds de palme dont tu parles !
J’avais écrit un chouette commentaire ce matin et v’là ti pas que l’agent 006 et 1/2 a tout effacé de la mémoire à Jean. Jean sait pas plus que vous, cher Flanagan, mais s’il me souvient bien, il ne m’en souvient guère sinon que je m’étais esbaudie de la coquillette outre-quiévraine. Comme je suis très souple, pas aussi souple qu’Ingrid mais quand même pas mal souple, je n’eus à déplorer aucune B… de M… d’entorse dorsale. Quelle chance. Passez le bonjour à tout le monde chez vous. D’ici, chez moi.