La boîte de nuit vibrait au rythme délicat des meilleurs boom-boom remixés par DJ JO Flan, subtile fausse identité derrière laquelle se cachait rien moins mais plutôt plus, Flanagan-Johnson, notre intrépide justicier !
C’était soirée à thème « grosses bêtes à plumes » !
Ingrid était souplement déguisée en Épervière-des-prés de 12 m sur 4 et le crocodile était travesti en perruche-humide-à-col-vert de 15m sur 7… Le thème de la soirée ne simplifierait pas l’identification du bécasseau de 18m sur 6 mais la vie est ainsi faite que, parfois, elle est compliquée; Flanagan-Johnson savait cela et il ne s’offusquait pas de ce twist scénaristique.
D’ailleurs, vu le format de chacun des visiteurs, oscillant entre 4 et 5 mètres cube chacun, la sécurité de l’établissement n’avait pu autoriser plus de six personnes à rentrer, ce qui, partant de la subtile déduction que le crocodile et Ingrid étaient innocents, réduisait donc à quatre les potentiels suspects, lesquels trémoussaient leurs plumes sur le dernier « MCGoupil and the crow : Cheese on the rock » qui faisait fureur chez les amateurs de musique de qualité douteuse.
Du podium, Flanagan avait une position stratégique et observait les danseurs. Il identifia les deux premiers faux-piafs avec une dextérité évidente; ne restaient plus que deux « animaux », ce devrait être simple de repérer la démarche si particulière du dodo, dodelinant en fredonnant « Do do, l’enfant do… » et, pourtant, rien, les deux avaient des démarches différentes de celles d’un dodo… Soudain, l’un d’eux, un perdreau à ramure grise de 19 mètres sur 6,5, esquissa le léger pas-chassé qu’aiment tant les bécasseaux… Il s’était trahi !!
Flanagan sauta sur la piste de danse en montrant du doigt le suspect, lequel s’affola, démasqué et partit immédiatement vers la sortie de secours.
« Attention, il s’enfuit !! »
Ingrid tenta un souple Uchi-Mata qui rippa sur une plume, le crocodile voulut mordre mais il ne croqua que ramage, Flanagan se rua à la suite du bécasseau, lequel allait passer la porte quand il fut stoppé net ! La sortie ne faisait que le règlementaire 1 mètre cube de sécurité, ça ne passait pas.
L’animal fut arrêté, menotté et, enfin, Flanagan souleva le masque.
« Mitchell Johnson-Stevens !! Le responsable-en-chef de l’office de tourisme !! Vous… Vous n’êtes pas le dodo !! »
L’avion décolla à 17h32. Les PNC étaient aux portes et Flanagan n’avait plus dit mot depuis la sombre révélation… Après quelques minutes, Ingrid lui dit :
« Comment allez-vous ?
–…
-Qui aurait cru que c’était le responsable local qui distillait la peur dans la population pour que celle-ci moutonne et consomme pour se rassurer ! C’est un procédé qu’on ne voit plus de nos jours !
-Je ne comprends pas, Ingrid ! Je croyais que nous allions enfin clôturer tout cela, le dodo… Pour une fois, aller au bout d’une enquête, terminer une histoire, ne pas laisser nos millions de lecteurs dans l’expectative et dans la peur, toujours plus forte, terrible de ce monstre toujours en liberté, prêt à fondre ou brûler tout… Arggg !
-Et s’il y avait une bonne raison…
-Laquelle ?
-Et si l’auteur préférait reporter, s’il comptait vous offrir l’enquête de votre vie, un prix Pulitzer qui honorerait ce face-à-face avec votre adversaire le plus coriace et emplumé ? Et si tout cela n’était qu’une entrée d’appétit ?
-Un peu comme cette salade qu’on vous sert à peine assis dans ces restaurants à viande ?… Je préfèrerais quand même le prix Nobel de littérature…
-Oui ! Si tout cela était voulu par cet esprit sur-talentueux et si c’était seulement destiné à nous faire patienter jusqu’au somptueux plat de résistance !
-Oui ! Vous avez raison, Ingrid ! Vous avez souplement très souplement raison ! La suite vient !
-Et nous serons prêts ! Je reprends le pilates en rentrant !
-Oui ! Nous serons prêts ! Et le dodo ne perd rien pour attendre ! »
Le dodo ne perd jamais rien… et sa vengeance sera terrible (n’empêche, j’ai eu chaud !). vivement la suite, et pourquoi pas, un Nobel (partagé avec Sibélius et Flanagan) ?
petite précision, le vrai titre du morceau de « DJ Fox and the Crow » est « Save me the last cheese »
Merci Carnets !!! Au plaisir de te chasser z’encore !!
Pas du tout. Le vrai titre de « MCGoupil and the crow » n’est pas « Cheese on the rock » mais « Cheese without teeth ».
Remasterisé dernièrement par Don O’penthebeck !
ha, c’est pas « No teeth no cheese » ?
🙂
My love is gone away….
Ou « No arms no roquefort »
ça sent le chaud en ces lieux !
Je me demande bien ce qui peut se trafiquer en cuisine.
Le Nobel à la sauce polar ? le poulet grillé ? Le bécasseau en robe de reblochon ?
C’est une enquête corsée à cuisson lente. Si jamais elle décroche la timbale, ou le fond de la casserole, c’est comme on veut, elle est bonne pour le prix Shamus.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Prix_Shamus
Dans Shamus, il y a chat si je ne me goure pas. La logique féline retombe toujours sur ses pattes, n’est-il point ?
Jo, tu as raison !! Et j’y vois même « chat s’amuse » !! C’est toi la première qui m’as dit qu’il y a avait dans cette histoire de plumes et de souplesse matière à matiérer… Moi, j’écoute toujours les personnes de bonne parole !
Mais naturellement que l’auteur hyper nobélisable réserve à son héros une faim digne de ce nom : du foie gras de Dodo et Mitchell Johnson-Stevens n’était qu’un apéro de radin, un toast dégarni, une chips sans sel, bref, un béret sans pompon. D’ailleurs ils ont déjà pulvérisé l’office du tourisme que l’on remplace par un hall omnisport, c’est dire ! Et on me fait dire qu’Ingrid au Pilate, c’est Laïonel au Kamasoutrace, histoire de ne pas perdre le fil. Ca va saigner, grave !