Flippé et Ingrid se laissaient porter par le courant comme ils abordaient l’embouchure de la Manche.
Retour bercail, adieu eau plate et plats pays, les voilà revenus à du salin, du bon gros grain de mer, n’ayant pas achevé ce qu’ils croyaient être leurs destinées, à savoir quitter leur condition aquatique et poser échasse sur terre ferme pour de bon.
Voués à mijoter dans h²o at vitae ecumam, ils filaient un mauvais coton et mon expérience de narrateur ne donnait pas chair de leur peau sinon en filets, en faux-surimi ou en beignets juste frits-rissolés-tournés-retournés dans un filet d’huile, servez avec du ketchup-mayo.
Après consultation, Mme Marraine, psy, avait rendu un solde de tous comptes d’intérêt pour la vie de la part de ces 2 mammifères qui n’arrivaient plus à croire que marin rimait avec marrant.
Ils voguaient telle la galère, espérant un harpon salvateur ou un filet où s’entortiller nageoires et tourments une bonne fois pour toutes, et couler, noyer leurs âmes et leurs espoirs déchus. A trop avoir regardé le Grand bleu…
Bref, visez un peu l’ambiance, pas drôle de narrer ces dauphins tous les jours, croyez-moi.
Les marins, guettant l’occasion de changer du thon et des crevettes, virent ces deux ailerons (valeur marchande au marché de gros de La Haye : 12,50€ du kilo désossé/ décartilagé) d’un œil bon quoique vicieux également. Ainsi, filèrent, filèrent les navires à la suite de la pèche miraculeuse.
Le piège se refermait inexorablement et, après clôture des aventures de cailloux, poussin et Persiliade, on voyait d’évidence arriver nouvelle conclusion subtilement bien amenée et pas du tout révélatrice d’une phase d’évolution et de remise en question de l’écrivaillon, tapant dans l’tas d’personnages jusqu’à ce que renouveau s’ensuive !
Après, vous savez, tant va la cruche à l’eau qu’elle revient au galop… J’avoue, je me suis attaché. Leurs yeux vitreux, leurs mines sympathiques, cet air de ne pas y toucher alors qu’ils y touchent, les coquins… Bref, j’hésitais, j’hésitais… Rohhh, l’atermoiement… Quand le premier harpon tomba à gauche d’Ingrid… Heureusement, sa souplesse de dauphine lui évita accessit au Paradis ! Un deuxième harpon ! Un troisième… Râtés !!
Pfff !!! J’ai créé des pécheurs qui ne savent pas viser. Pourtant, j’avais créé des dauphins amorphes, je ne comprends pas… Cela aurait dû coller… Enfin !… Saigner tout du moins !
… Encore manqué !
Parti com’ ça, on y était pendant des heures et vous n’avez pas que ça à lire, je le sais… Du coup, tant pis, je m’en excuse mais le carnage est remis, ce soir, ce sera soupe de poisson artificiel pour tous !
j’ai relâché les dauphins qui sont partis au large et j’ai renvoyé les marins au port où leurs femmes les attendent pour tondre la pelouse « … Parce que ça va pas se faire tout seul et que c’est bien bo, la mer, la mer, toujours la mer mais faudrait voir à consulter car c’est un cas d’école d’eau-deep amoureux que ça m’étonnerait guère ! »
Ben manquerait plus que ça qu’il nous harponne les dauphins, le sacripant ! Ca va pas la tête ? Non, je vois que ça ne va pas et deux dafalgan + deux perdolan + 1 xanax + 1 motilium pour digérer le tout + 1 immodium pour éviter …. ET QU’ON NE VOUS Y REPRENNE PLUS, NON MAIS !
Ils ont bons dos fins, tes deux non-zarponnés ! Heureusement que marraine veille au genre couleur azur cat et gorique. Deux cétacés, c’est toujours un peu rostre. Je suis rassurée de savoir que le cours du kilo désossé-décarcassé court toujours, plus c’est haut, plus le plongeon fera plouf.
Tiens, ils me manquaient ces deux là. Je suis contente d’avoir de leurs nouvelles. Le cas d’école, niveau CP aspro ou grande section pleine mer ?