Premièrement, aborder le problème posément.
Sachant que la pièce mesure 54 mètres cube et qu’un chat noir, membres arrachés et collés au corps peut être évalué approximativement à 0,3 mètres cube, avouez que les possibilités de cachette sont légion en pleine obscurité.
J’étais tranquillement en train de tricoter… Oui, je fais ça pour m’apaiser quand il y a une panne de courant générale… Faisant fi des aiguilles, celui-ci m’a chipé l’objet de mes mailles à l’endroit, me mettant ainsi à l’envers.
Me calmer, poser la respiration, il ne peut être loin. A tâtons je vais l’attraper ! D’abord, guetter la brillance d’une griffe malencontreusement sortie, l’œil jaune qui perle, le ronronnement traître, le coussinet qui couine.
Rien ! A me demander s’il n’a pas fui par un trou de souris. Les avait clairement déjà repérés. N’aura pas hésité à filer direct par là.
Ou alors… Tapi dans l’ombre, c’est-à-dire n’importe où pour le coup, il attend que j’approche, proie à sa merci, lézardeau de 2 jours, oisillon dans son nid, mulot non sevré. Oui ! C’est ça ! Il me guette, à la fois impatient de se repaître et patient devant festin inexorablement à sa merci.
Je m’arrête, mouille un doigt de salive… Oui, là n’est pas l’instant le plus romantique du récit mais, à la guerre comme à la guerre… Je lève le doigt, avance doucement, pas à pas, tentant de détecter la légère brise que ne manquera pas de créer le popotin gigoteur du matou prêt à bondir.
Toujours rien ! Peut être n’est-il tout simplement pas là ? Peut être a-t-il profité d’une fenêtre ouverte pour filer courir la gouttière, traquer les rongeurs ou appâter du volatile avec mon mi-pull comme nid cousu main ?
Oui… Oui, c’est sûrement ça. Je me suis inquiété pour rien. Ouf !
Je reviens à tâtons, touche l’accoudoir du fauteuil, moelleux havre de paix, m’assois.
Et c’est là que j’ai oui le trémolo léger. J’ai écarquillé le tympan pour capter une bribe, un fragment restant incompréhensible… Si j’avais maîtrisé langue de chat, j’aurais pu vous relater ceci :
« Où te caches-tu, peli-pelote ???… Ah ah, tu es là !!… Ahah ! Je te tiens ! tu peux bien rouler, tu peux bien t’effilocher, tu peux… Veux-tu bien rester là ?… Rhoooo… Où es-tu ?… Hum… Où ? Où ? Où ?…. Oh ! Elle est dans mon dos !!! Faire mine de rien et… Je roule et hop !!!… Je te tiens !… Je gratte, je gratte !!!… Pattes arrière, pattes arrière !!… Une pause ! Mon cardio… Gratte gratte !!… At-ten-tion… Momie !!!… Momie, momie, momie, momie toujours… Elle s’échappe encore !!!!… Et ce fil qui traîne à sa suite !… Sur mes pattes ! Je dodeline, je dodeline… Je le tiens !!! Je le mords à la nuque et… Il ne bouge plus !!!… Ben, bouge !… Mais ?!!!… Je pousse légèrement !!!… Il a bougé !! Vous avez vu, il a bougé !! Coquin de fil !! Je vais t’at-tra-per !!!… Zut !! A côté !! Encore à côté !!!… Encore !… Ah ah !!! Je te tiens… »
Mes sens focalisés sur la course-poursuite sans fin, mon esprit bercé par les timides feulements matouesques, je me suis assoupi, rassuré que le prédateur ait choisi une autre cible…
En double-réponse aux propositions de Martine et Valentyne. Merci à vous deux
C’est du tricoté main, cette histoire !
Peut-être aussi ce diable de chat a-t-il goûté la filière, rongé les traqueurs ou volaté les appiles ?
Les voies du chat sont impénétrables, chère Martine !!… Sauf peut être ?… »Bistouri… Bistouri… Écarteur… Écarteur… »
C’est trognon de chou tout plein cette histoire qui nous file entre les doigts du début à la fin ! Sauf peut-être le début avec les pattes arrachées et collées 😀 les scientifiques ont de ces idées de mesures 😀
Alors que, le chat de Schrödinger en exemple, on sait tous qu’un chat mesure environ un tiers de boîte !!
S’il est dans la boite. Mais en dehors ?
Clairement, en dehors, ce n’est pas la même histoire ! Je finis la synthèse de l’exposé à l’instant et c’est édifiant !
Et une pelote de laine une 🙂
Tu maîtrises le langage « chat » à la perfection 🙂
Je le comprends. Le parler, c’est autre chose ! Merci Val !
Juste, bravo
Merciiiiiii !!!