Concours agenda ironique de Mars 2016 : mon texte

Clairement sorti d’un esprit perturbé, le sujet (consultable ici) de ce mois de Mars m’a désorienté.

Enfin bref, je n’en dirai pas plus, je risquerais de me fâcher avec moi-même…

 

Mon histoire sera la suivante :

Rouages de l’inspiration

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Chat pardeur attrapé un 30 Octobre à l’aide d’un piège à souris -un comble- dans un grenier de fromages à affiner, j’étais fini, parti pour mourir au mitard à matous quand me fut proposée un 23 Mars de l’année suivante mission apte à rembourser dette contractée en la société.

Devenu chat de Gautier, Théophile s’entend, je me devais, à sa guise, déguiser en muse afin de mûrir son appétit créatif, un travail commandé par Hugo, vecteur le Victor d’une nouvelle réputation tatouée à mon Théo et qu’il lui fallait en cela confirmer.

Étant noir, passer nègre ne me posa pas l’ombre d’un problème.

Mon écrivain d’alors culbutait constamment sur un texte de voie ferrée affrété par un quotidien de parution journalière l’ayant acheté « chat en poche » par confiance, par folie, par foi en l’artiste, artiste que le contrat souscrit enjoignait à produire à heures fixes et répétées un convoi de mots à destination de leurs presses.

Gautier grattait, grattait, par ma présence galvanisé, mais de bronze, d’argent, d’or nulle phrase ne s’ornait, nulle idée en phase directe avec le sujet ne débouchait du tunnel de ses expires. Bref, à relecture de son écriture de moi ne resortait que du pipi de moi.

Clairement en terrain minet, muni de ma manie à m’mêler et plutôt que mes malles faire, je légifère, décide d’emmener mon acolyte aux chantiers ferroviaires renseigner son esprit sur les objets de son non-transport.

Un félin de fratrie, fortuné d’avoir là-bas fait patrie, au milieu des poulies, des rails, des machines qui fument et enfument, royaume gris de gris où le métal s’étale en sortie de longues fonderies et où étincelles et soudures réunissent pans de locomotives en engins prêts à fondre, il nous introduit, nous fait visite, entre les équipes qui tapent, celles qui soulèvent, d’autres cognant et rivetant l’acier en un assourdissant concert de marteaux et pinces.

Gautier prend note, examine roues, mesure voitures, évalue essieux, perce mystère d’un œil qui scintille, idées rentrant en sa gare sans crier autre, il échafaude wagonnet par wagonnet le récit.

Mission accomplie, nous prenons congé de notre hôte et quittons tous deux l’usine ravis d’enfin pouvoir procéder à la création tant espérée quand, et j’avais par mon congénère été prévenu pourtant, je tombe truffe à truffe avec du gardien le chien, un animal peu commode, période Louis XV vouant les aristochats à la lanterne et me réservant rôle de premier lampion.

Gautier ne réagit pas, l’autre grogne, je m’échappe, slalome entre outils et rails jonchant le sol, tente de semer le bougre à mes trousses lancé, sens le souffle rauque du destin funeste me grignoter le fondement de toute chose, crains de ne devoir faire croix sur crins quand, tournant le coin d’un coin exigu, l’assaillant moins saillant touche, frotte, cogne, fait plus qu’effleurer un bidon, deux bidons, une portée de boîtes à outils, des rembardes, un rail en appelant un autre à sa rescousse, le cumul provoque autres secousses, déchaîne chutes en chaîne jusqu’à ce qu’une cabine dans les airs se baladant, reliée par un câble à un crochet, poussée, ne déchausse de son perchoir et manque de choir sur mon passage.

Rapide, je n’en suis pas peu fier, j’esquive, glisse telle l’anguille dans le chas, m’échappe, évitant que « la cabine ne tombe sur le chat ».

Par contre, la cabale suivante s’abattit sur le chien.

Les hommes n’ayant soudain comme souvent que courroux comme argument, se jettent sur le canidé auquel je ne manque pas de laisser toute responsabilité du fatras ainsi que le proverbe qui en découla, revenant à mon humain, filmant mentalement la scène, obscène reluqueur de cette furie folle.

Nous sortons à pas feutrés et coussinets de velours, laissant à son sort l’agresseur.

 

27 réflexions sur “Concours agenda ironique de Mars 2016 : mon texte

  1. Si c’est pas du rouage d’inspiration ça ! A relecture de ton écriture de toi, il me vint une fulgurante révélation là où Théo file de l’encre en bidons :
    Qui échafaude du wagonnet revient toujours sur le lieu de son fromage !
    Joli cabale affinée, TER minet.

  2. Zut alors, ça démarre fort ! Un esprit suspicieux -pas le mieux, débonnaire et paisible – imaginerait que certains ont eu les sujets avant les autres 🙂
    Cette histoire de ferroviaire littéraire me rappelle vaguement une sombre affaire irrésolue…

    Va falloir creuser.

  3. Creusons tout de go ! Il y a là de l’écrivain pilé, n’en doutons pas ! Cette histoire de chat crotté « étant noir, passer nègre » au débotté m’en rappelle une autre, celle de celui qui part en chasse et qu’à la fin, il gagne la place ! Ce concours me semble déjà podiumé d’avance.

  4. Sombre affaire qui manque totalement de clarté !
    Je me demandais si l’enquête de Flanagan n’irait pas croiser du ferroviaire dans le métro, à la recherche du dodo charbon pilé, crotté au débotté par l’art littéraire d’une louve assise sur le podium du concours. ce qui tendrait à expliquer le proverbe « Tant le dodo mène Flanagan à l’enquête qu’à la fin il dégote la première place ».

    • Va falloir échafauder un plan de sauvetage alors. Plus de suspect, plus d’enquête ! Et moi, le polar à la Flanagan, je suis fan. Manquerait plus que le modèle « trône de fer » déteigne victorieux, il parait qu’il y a un héros qui meurt toutes les six pages, Même pas drôle, quoi.

  5. Ou comme quoi, même le jour, tous les chats ne sont pas gris, (surtout déguisé en lampion), quelle entrée (euh sortie ?) fracassante, Séraphin !-)

  6. Pfffft trop bien ce texte 🙂

    « Étant noir, passer nègre ne me posa pas l’ombre d’un problème. » 💚💚

    Je profite de mon trajet de transilien pour lire les textes des participants 🙂
    Bonheur total
    Du coup pas sûr que j’écrive un texte 🙂

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