Oïyok se rappelle la longue et blanche plaine désertique déroulant sur des kilomètres son manteau duveteux et froid; ce paysage immaculé, répétitif, dépourvu d’aspérités et rongeant ses os meurtris par une température que dénoncerait Captain Igloo.
Il l’avait traversée en long, en large, s’était payé le luxe de la tenter en diagonale, il la connaissait par coeur mais faut dire que chaque mètre carré ressemblait au mètre carré d’à côté.
Nulle âme qui vive, pas un ours blanc, pas un pingouin, rien ! Il avait faim. Marre du thon à la catalane !
Deuxième semaine de son périple, s’il voyait encore un seul minuscule morceau de légume en cube dans sa sauce tomate juste relevée comme il faut, il aurait… Non ! Oïyok savait qu’il ne fallait surtout pas craquer. De la maîtrise du Kookvötyr dépendait sa survie.
Alors, c’est amusant que vous demandiez ce qu’est le Kookvötyr car j’ai une anecdote à ce sujet.
Bon, pardon, ce n’est pas une anecdote, c’est LA légende parmi les légendes des légendes illustres du froid pays qu’on appelle communément Laarr¨d’Flygtuck… Le Nord-nord en français !
Donc, avant, en des temps mémoriaux sinon on ne pourrait pas s’en souvenir, le Laarr¨d’Flygtuck s’appelait le Flüg.
Vivaient là les flügiens, peuple nomade sédentaire qui déplaçait des immeubles de six étages à travers la steppe enneigée.
C’était à chaque fois un chantier, fallait faire venir des grues puis des 36 tonnes puis rouler sur une route glacée à leurs risques et périls.
Mais bon, ils aimaient bien bouger. Alors…
Järrrrleg était un flügien souffrant d’un mal fort rare, le changeage-de-nom-inopiné-circonstanciel.
En un instant, Järrrrleg s’appelait Kkerdsut et tout le Monde l’appelait ainsi puisque c’était son nom… Jusqu’au moment où il s’appelait Jïïïdfser… Vous avez compris que, dès lors, tous l’appelaient Jïïïdfser.
Bon, en fait, ça emm…ait tout le Monde donc ils l’appelaient Bernard.
Sa femme, Ingröööd, se mit, dès le jour de leur mariage à souffrir du même mal…Ingröööd devint Flä puis Vflur Puis… Vous avez compris.
Donc Bernard et Marcel galéraient un peu au niveau administrations car passer son temps à changer de nom, obtenir un justificatif de domicile, tout cela en espérant que leur immeuble ne change pas d’adresse dans la semaine, tout cela virait au cauchemar.
Bon, ça, c’était rien, croyez -moi.
V’là t-y pas que notre pays… Attendez, je reprends mes notes… Le Flüg se mit à dériver. Un coup de pas de bol ! Il dériva, un coup au pôle, un coup à l’équateur, va gérer ton immeuble en brique de glace avec ça.
Bernard et Marcel avaient donc payé des impôts pour un T4 avec duplex alors que, par le truchement de la fonte, ils n’avaient plus qu’un T1/2 où vivre.
Bon, j’ai posé le décor, j’arrive à la légende.
Non, là, ce n’était pas encore la légende.
Vint un monstre. Genre du gros monstre ! Un truc méchant ! Peur sur la banquise ! Tu sors pas les enfants quoi ! A part pour la pèche à l’orque… Mais sinon non !
Que faire ? Re-déménager ? Se coucher sur le flanc et faire le mort comme font certains dauphins ? Bernard décida que non, qu’il venait juste d’inscrire le petit StäFiylo à la maternelle du coin, donc il partit affronter l’affreux monstre sus-décrit.
Il se rappela d’une légende où on parlait d’un pouvoir fantastique, le fameux Kookvötyr que nous évoquions tout à l’heure.
Il se retrouva nez à affreuse et monstrueuse gueule et, faute de mieux, invoqua le Kookvötyr.
Pfuiiii, si c’est pas efficace ce truc ! Wah ! D’la balle quoi !
Le monstre partit en courant puis, quand il n’y eut plus de terre où poser patte affreuse et monstrueuse, il plongea en imprimant un appui au sol qui renvoya le Flüg vers un pôle, le fameux Laarr¨d’Flygtuck où il s’encastra contre un bout de terre.
Comme quoi, quand ça veut faire !
Ainsi naquit le pays qu’on nomma du nom du pôle car manque cruel d’originalité sur l’instant.
Magnifique légende parmi les légendes dont Oïyok, notre héros du début se rappela comme à trépas était menacé de passer !
Vraiment bien foutu, l’Kookvötyr puisqu’Oïyok retourna au village sans encombres !
Des légendes comme on aimerait en lire plus souvent !
Je vous crois car la légende perdure. Tenez, je viens de repérer chez un célèbre marchand de tapis du coin, un Oïyok, en pure laine à 25 euros. Et la cafetière Järrrrleg est en promotion. Quant au canapé Ingröööd, il se décline en version sofa ou clic-clac. C’est dire. Je ne veux même pas parler du Flygtuck, épuisé. Sans compter qu’on en voit partout des fameux Kookvötyr qui sont devenus incontournables ! Comme quoi !
25 euros, même si c’est un écru, c’est une affaire ! je le trouve très beau en rouge mais j’ai peur que ça jure un peu à côté de mon Ingröööd vert pomme !
dis-moi si je me trompe : ce n’est pas un peu nordique, cette histoire?
Nordique du Nord- Nord nord je trouve !
C’est un casse-tête Nord-Nord ton truc Patte ! Du remue-méninges pas trop zézé. Mais je relirai.
Jo, je ne peux pas garantir que cela prenne sens même au bout de 10 lectures ! C’est trop me demander !
Je vois que tu as « liké » le post. Donc, tu y as compris quelque chose !… Si tu peux m’expliquer à l’occasion ! Bonne journée Jo !
J’ai bien ma p’tite idée, mais j’suis pas sûre que ce soit la même que la tienne. Quoique… Aborder la question du Kookvötyr est une affaire bien délicate. 😀 Mais j’y pense.
Et c’est contagieux le « changeage-de-nom-inopiné-circonstanciel »
?
🙂
Aucune recherche en laboratoire n’a pu confirmer ou infirmer ce risque, Andrea !