Concours agenda ironique d’Août : disséquer la citrouille ou la grenouille

Ce texte pour participation au concours Agenda ironique d’Août organisé par Jobougon ici

Le prince qui en avait trop LU

Enfant-miracle né de parents prodiges ayant, en leurs temps, réalisé prouesses et autres pirouettes ayant donné lieu à contes, notre prince était destiné à suivre la voie tracée.

Depuis son enfance, il apprenait qui la danse en quadrille qui le maniement pointu d’une lame qui les us et manières en société.

Lui rêvait de choses différentes, lui adorait lire. Et il lut. De tout. Jusqu’au récit de ses modèles de parents, son père luttant contre dragons, hydres, moches bestioles, sa mère l’attendant assoupie, emprisonnée, cloîtrée, martyrisée. Jusqu’à l’avènement de leur bonheur prévu qui survint à la fin du récit inévitablement.

Prince avait tout lu et force est de constater que point tout cela ne lui convenait, il ne voulait pas de l’inévitable.

Ah ! Il avait le profil de l’emploi, il était costaud, il était solide, beau com’… Plus beau encore qu’un carosse, plus beau que n’aurait su lui susurrer un miroir magique… Il était bo com’ chat ! Oui voilà !

Et ce qu’il était courtois ! Et ce qu’il était doux ! Et ce qu’il était valeureux ! Et… Et zut !

Prince se moquait bien de tout cela. Il avait toutes les prétendantes attitrées qu’on eût pu désirer… Cendrillon avait « égaré » devant son château l’ensemble des chaussures gauches présentes dans son dressing, elle claudiquait désormais mais la cour trouvait cela charmant.

Blanche-Neige en était à son troisième mois de cure de pomme, ce qui virait à la détox et lui avait donné un teint bien plus sain, un peu sur le pourpre, légèrement sur le grenat par endroits, magnifiant ses tâches de rousseur. Mais tout cela ne provoquait néanmoins pas l’envie en lui de laisser traîner ses lèvres par chez elle.

Raiponce avait pris un accent anglais, arguant que cela lui donnait cet air coquin supplémentaire, et Raiponce, justement, attendait de celui qu’elle appelait son âme-soeur « une answer »…

Eh oui mais rien n’y faisait… Cependant, éconduire les plus jolis partis du pays posait problème. Prince jouait la montre mais craignait, un jour, de devoir plier devant l’attente de ses parents, de sa famille, de la cour.

Il se serait enfui mais, dans cet endroit magique, les murs avaient non seulement des oreilles mais aussi des yeux. Il faudrait jouer serré.

Parfois, il chantait son désespoir

Il alla voir la plus méchante des méchantes sorcières, retirée dans son marais, cachée dans sa maison en épinard et chou-fleur.

« Madame la plus méchante des méchantes sorcières, je voudrais que vous fassiez de moi un crapaud !

– Un crapauuuuud, dis-tuuuuu ? » répéta en chevrotant la plus méchante des méchantes sorcières.

« Oui, ainsi, je passerai inaperçu, ils ne sauront où me chercher et je pourrai vaquer tranquillement à aller de nénuphar en nénuphar. »

La plus méchante des méchantes sorcières prit un énoooooorme grimoire dans une étagère, grimoire qu’elle ouvrit et dont elle tourna des pages relâchant poussière et poussière dans la pièce.

« Un craaaaaapaud, dis-tu, Kofff, Koffff !! » Toussa-re-chevrota différemment la plus méchante des méchantes sorcières.

« Oui !

– Aaaaah !!! Voilà ce que je cherrrrrrrchais !! Seloooon la charrrrte des méchantes sorcièèèères, je ne puiiiiis accéder à ta requête !

– Oh ?

– Je ciiiiiiiite : « Seul par vengeance, méchanceté, fourberie ou ressort scénaristique de dessin animé, sera possible d’invoquer un sort méchant parmi les plus méchants ! Jamais par peine ou désespoir, ne pourras demander à être toi-même ensorcelé. »

Elle referma le grimoire. « C’est la rèèèègle !! je ne peuuuuux aller connnntrrrrre ! Je riiiisque ma licence !! »

Contrit, notre Prince alla voir sa marraine qui habitait à Oléron afin de conseil lui demander…

(Interruption momentanée) En raison d’une mauvaise lecture du script, nous reprenons au début de la phrase précédente, veuillez nous excuser de toute gêne causée.

Contrit, notre Prince alla bien à Oléron mais voir sa psy, Mme Marraine, aucun lien… De toute façon, il était fils unique !

«  Monsieur prince, vous m’exposez votre problème et… Je me demande si c’est bien le problème !

– Comment ça ?

– Pas plus tard que la semaine dernière, j’ai eu en consultation un dauphin qui voulait marcher… une histoire folle… Bref ! Je vous ferai la même réflexion qu’à lui : Croyez-vous que le problème soit de changer ce que vous êtes ?

– Je… je ne comprends pas !

– Bon, vous allez faire ce que je vous dis, peut être cela vous apportera-t-il la bonne réponse. »

Il exécuta chacune de ses consignes, alla au premier magasin de farces et attrapes qu’il trouva, acheta un costume de crapaud et s’en fut au bord du marais des vérités où il s’habilla ainsi et commença à coasser.

Il en était à son 4ème moustique, lequel n’était pas bien passé et lui raclait un peu la gorge, quand il vit arriver une jeune femme habillée en roturière.

« Peut être cherche-t-elle aussi sa vérité ? » se demanda-t-il.

Il l’accosta.

« Bonjour, Mademoiselle ! Êtes-vous venue au marais des vérités pour y découvrir la votre ?

– Ah non ! Désolée ! On a un problème de plomberie au village et comme, en même temps, les 3 ours ont un souci équivalent, que, bien évidemment, cette p… de Boucle d’Or a chaillé com’ quoi « l’eau, elle est trop froide ! », tous les plombiers du pays sont partis chez eux réparer en catastrophe. Nous, pendant ce temps, on peut bien crever de soif. Donc, je suis venue ici me ravitailler.

– Vous… Vous voulez dire que vous êtes vraiment roturière ! vous n’êtes pas une princesse désoeuvrée cherchant je-ne-sais quelle explication à un problème qui n’en est pas un ?

– Ah non ! Je suis plus roturière qu’une roturière, 1000 ème génération de roturiers. »

Les yeux du cra-prince brillèrent de milles éclats plus quelques uns en sus car il était Prince. Là était sa vérité, en cette demoiselle pure comme l’eau qu’elle était en train de discrètement piquer dans une jarre « car il est formellement interdit de prélever de l’eau dans le marais des vérités sous peine de contravention de type 2 art.678.5 du code vénal ».

Il lui déclama son amour, elle accepta parce que, faut bien l’avouer, sortir de la condition de pauvre avait quelque avantage, même dans ce monde imaginaire.

Il revint chez ses parents, sa dulcinée au bras, il l’épousa, il est probable que l’argent, les services en or, les fastes de la cour, aient pourri-gâté la pure jeune femme mais, ça, l’histoire ne le dit pas donc, avec un peu de chance, et si vous croyez aux licornes, peut être qu’elle aura su rester la même…

Sinon, Prince divorcera. Il a gardé le costume au cas où…

La suite merveilleuse ici

14 réflexions sur “Concours agenda ironique d’Août : disséquer la citrouille ou la grenouille

  1. C’est beau comme un grimoire et clair comme de l’eau de Lu prince de l’astéroïde B612 tout ça ! Une palme de diligence au chat qui écrit plus vite que la lumière et qui vient donc de traverser le mur du Samson d’un coup d’un seul et avec brillance, s’il vous plait !

  2. Marraine d’Oleron, marraine d’Oleron, t’es sûr que ç’est pas un huître qu’il a rencontré, un peu dessalée au bord du marais ! remarque il aurait les mouches à domicile maintenant à défaut des groupies ! il devrait faire attention où il met les pattes, le prince !-)

  3. Ce n’est vraiment pas une sinécure que d’être Prince Charmant, faut constituer un syndicat vite fait ! Ah non, ce ne doit pas être prévu dans les pré-requis, flûte ! Ce serait sympa quand même de lui ré-ouvrir la couverture pour qu’il puisse connaître la fin de son histoire le pauvre.

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