Nul humain ne passa après le p’tit poucet et ses frères… Flippé crut guetter un son à l’orée de la forêt adjacente, des murmures étouffés par les feuilles, des « Aïdi-Aïdoooo », des « Tiens, une pomme », d’autres « Cot-cot »…
Tout cela était trop confus, tout cela semblait une autre histoire, racontée en d’autres lieux (genre https://carnetsparesseux.wordpress.com/2015/05/22/lhistoire-des-sept-petits-cailloux-1/ au hasard, allez-y, c’est bien, vraiment bien) et Flippé se dit qu’on ne lui volerait pas la vedette de son histoire ! Ah que non !
Il détourna la tête vers le fleuve et il vit une vague bien trop vague pour en être une de vraie vague… Hallucination peut être ? Cette « fausse » vague disparut à contre-courant sans demander son doggy-bag.
Interloqué comme dauphin n’avait jamais été, Flippé resta figé… Quand il vit une deuxième – Oui !!! Vous comptez bien !!!- qui n’en semblait pas plus une que la précédente emprunter le même chemin.
Il avait suffisamment écumé de remous pour être sûr qu’il y avait tromperie. Il fondit sur l’ersatz comme celui-ci passait à sa hauteur et toucha du dur.
« Heyyyyy !!! Goujat ! »
Une dauphine. Une dauphine en mode apnée qui lui uiiiiii-uiiiii-ta des mots inconvenants sur son attitude du même tonneau.
« Je suis désolé, j’ai vu passer une vague similaire à vous et…
– Comment ça ? Séverine est déjà passée ?
– Euh ! »
La dauphine se mit à pleurer… Rappelez-vous, nous sommes partis du postulat que ces ruissellements suspicieux dégoulinant du pourtour des yeux de nos amis pouvaient, dans un astucieux arc cinématographique versant dans l’émotionnel et soutenant la dramaturgie du propos, être des larmes.
Donc, elle pleura ou dégoulina, au choix.
« Mais, pourquoi pleurez-vous ou dégoulinez-vous ? » demanda Flippé qui n’avait pas plus la réponse que vous et moi et qui sentait venir une histoire pas possible. Encore moins possible que ces jambes qu’il désespérait d’avoir mais qui étaient reléguées à plus tard à cause de l’arc…
Elle lui raconta ce sortilège qui faisait constamment d’elle la première dauphine, une bonne pomme tout juste bonne à finir seconde derrière cette… Miiiiiiiiiiip… de Séverine qui trustait toujours la victoire.
C’était moche à écouter. Déjà, un dauphin mâle a une voix stridente alors une femelle… Aigu sur aigu… Ses tympans brûlaient d’un feu ardent pas tiède.
Pour éviter qu’elle ne lui agresse davantage l’oreille interne, il lui raconta sa quête à lui, ces jambes qu’il aurait un jour, quand il aurait trouvé bois, qu’il aurait rencontré menuisier, que magie eut fait son oeuvre.
Paulette -c’était son prénom- trouva l’idée géniale, non encore faite et vit opportunité de faire la nique à l’autre là, avec sa nageoire, au point de se greffer, non pas un membre, mais bien à l’aventure et affubler le héros comme l’écrivain d’une deuxième bouche à écrire.
Il ne fallait donc plus deux échasses mais quatre… Dont deux roses si c’est possible.
Dur d’être une première Dauphine 🙂
Je compatis …;-)
Dans le classement réalisé par une compagnie super sérieuse qui fait que des classements, « 1ère dauphine » vient en 3ème position des postes les plus ingrats derrière « Dernier des mohicans » et « Troisième oeil chez les cyclopes »
Étant moi même régulièrement la cinquième roue du carosse , je compatis doublement 🙂
Attends qu’il roule dans un nid de poule (encore un coup de Guillaume Telle !!) le carrosse et v’la t’y pas qu’ils seront à tes pieds…
Pourtant Paulette, c’est pas la reine des paupiettes ?
Oui mais Séverine fut élue princesse des terrines le même jour et prit toute la lumière parce que, les terrines, quand même !! Quand même !!
Reine, c’est mieux que princesse, na ! A bas la terrine.
Ah oui, quand même ! ça me laisse sans voix !
D’une part paske les échasses roses, c’est collector.
Ensuite paske je me demandais si les derniers seront les derniers (chez les mohicans mais pas que).
Sinon, question terrine, il y avait aussi : Soleil en Août, pâté en croûte.
Un rien perturbant toutes ces questions métaphysiques !