Ils étaient assis dans l’herbe.
« On ne parle pas… S’il te plaît? On ne parle pas… » Voilà tout ce qu’Elsa avait demandé. Qu’il la garde dans ses bras, qu’elle s’y oublie totalement, comme elle n’avait jamais osé.
Carapace fendillée, il n’y avait, pour l’instant, que le silence pour la réparer; et aussi la chaleur de la peau d’Alexandre à travers les tissus, ses bras en remparts autour d’elle, son souffle qui glissait derrière l’une de ses oreilles, ce souffle qui, petit à petit, ralentissait sa course folle et guidait le pouls d’Elsa sur le même chemin.
Ses bras qui l’enlaçaient et sa main qui caressait celle d’Elsa, son pouce qui dessinait sur sa paume des ronds irréguliers, lentement, très lentement de manière un peu saccadée mais toujours lentement.
Elle se laissait bercer et son corps accepta de lâcher un peu de sa raideur; elle ferma les yeux. Elle oubliait l’instant, les minutes qui précédaient, la peur chaque mètre plus intense comme ils entamaient l’ascension, cette même peur quand elle s’était entendue déverser du fiel et qui l’avait poursuivie comme elle courait loin d’eux, s’accrochant à elle jusqu’à ce qu’Alexandre ne la retrouve.
Et heureusement, il était venu, il était là et ses doigts hypnotisaient ses craintes. Pourvu qu’il sache les faire fuir aussi.
Elsa n’était plus vraiment là, elle préférait être ailleurs, c’est tellement plus simple. Fuir, ne pas se retourner, ne pas réfléchir, laisser ça pour plus tard, oublier « plus tard ».
Elle avait consolidé le barrage aux émotions du mieux qu’elle avait pu depuis quelques mois, il semblait tenir bon et Alexandre avait su ne jamais en ébranler les fondations, bien au contraire; il avait été le pare-feu à tout accroc, éteignant tout début d’incendie par ses mots, sa douceur, sa prévenance.
Mais l’accroc, par définition, dépasse toujours et Elsa venait de s’y prendre les pieds. A force de nier était venu l’instant auquel elle ne pouvait plus échapper. Et personne, pas même Alexandre n’aurait rien pu faire.
Elle en était là. Et, si Alexandre écopait au mieux pour qu’elle ne chavire pas, même si elle louait ses intentions, c’était une réparation de fortune, elle le craignait.
Alors, autant partir loin. Elle se serra plus fort contre son épaule.
Aussi solides qu’étaient ses bras, Alexandre se sentait dépassé. Elsa, cette femme si forte, si solide à ses yeux, s’était délitée en un quart de seconde. Jamais il n’aurait pensé… Jamais. Elle semblait si petite, dans ses bras, si fragile. Non pas qu’il n’ait jamais senti en elle cette sensibilité extrême mais il ne se doutait pas qu’elle puisse craquer ainsi.
Elle ne bougeait pas, elle s’était pelotonnée contre lui, ses pleurs avaient cessé quand elle avait fermé les yeux, après qu’il ait hoché la tête en guise de consentement comme elle lui demandait un instant de silence.
Leurs histoires sans paroles étaient toujours belles; tout transpirait de ces silences consentis : le calme, la tendresse qu’il avaient l’un pour l’autre, le respect aussi, la compréhension, l’acceptation.
Alexandre ne comprenait pas mais il était là. Et cela lui semblait bien être l’important. Qu’il soit là. Et qu’elle lui laisse cette place. Il voulait cette place. Il était heureux qu’elle lui offre.
Il posa trois de ses bisous préférés dans ses cheveux, tout doucement, sans vouloir provoquer plus de trouble que l’amour qu’ils osaient exprimer.
Faire de son mieux. Il ne la guérirait pas, c’est au-delà de ses capacités. Mais, tant qu’elle voudrait qu’il soit là, il serait là, tant qu’elle voudrait de son amour, il répondrait présent.
Pas un souffle de vent dans la clairière, seulement des bruits étouffés au loin, les arbres pour leur offrir l’ombre nécessaire, un moment arrêté.
Un moment sans mots, juste une main qui parle d’amour.
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Ron- ron : Quel romantisme ……..
🙂
Je trouve que c’est un magnifique compagnon de route !
Je me répète mais j’adore. Je lis, les yeux grand ecarquillés, avec attention chacun de ces mots et je me régale. J’aimerais que ça ne s’arrête pas. Tu as les mots qu’il faut, ceux qui font voyager, ceux qui transportent et on voyage avec toi.
Merci à toi, c’est très gentil, j’apprécie que mes mots touchent, plaisent, interpellent ! C’est chouette…