» Oui, ne t’inquiète pas, file ! »
Après avoir machinalement hoché la tête, Alexandre était parti, accompagné par cette dernière phrase prononcée du bout des lèvres par Juliette.
Ne pas s’inquiéter. Comment faire pour ne pas s’inquiéter ? Il était abasourdi.
Il marchait vite mais toujours pas d’Elsa en vue.
Et il avait laissé Juliette comme ça, brutalement, sans plus de mots, sans prendre le temps de savoir comment elle allait. Mais il avait fait ce qu’il devait faire, courir après Elsa. Son Elsa.
Alexandre était complètement perdu, il n’avait rien vu venir, il était même plutôt content de voir que ça semblait vraiment bien coller entre elles depuis le matin, et il était ravi que ces deux personnes qui comptent tant à ses yeux, se découvrent enfin. Et puis… Ces mots qu’Elsa avait prononcés, ces mots qu’on sentait si désespérés, crachés par impossibilité de les retenir plus encore.
Non, il ne comprenait pas. Elsa avait dit que cela ne la dérangeait pas. Et pourtant. Apparemment… Apparemment, c’était plus compliqué que ça.
Et il avait laissé Juliette là-bas. Il avait jeté un regard en arrière après deux cent mètres, il l’avait vue assise dans l’herbe, la tête dans les mains.
« Viens » Lui avait-il dit. « Un week-end calme et reposant ! » Et elle était dans l’herbe en train de pleurer. Parfait !
Il repensa à Elsa. Sa réaction. A n’y rien comprendre. Il avait fait du mieux qu’il pouvait, s’était voulu prévenant avec elle, et elle semblait rassurée le vendredi quand il l’avait quittée pour partir à Toulouse récupérer Juliette, elle lui avait dit que ça ne lui posait aucun problème… Plutôt, elle avait prétendu qu’elle était ravie de la rencontrer.
Toujours devoir lire entre leurs lignes. Il n’était pas fait pour ça, ça dépassait toutes ses compétences, il était prévenant, doux, attentif, à l’écoute mais il avait besoin d’une phrase, d’une idée concrète, il avait besoin de savoir vraiment ce qu’elles ressentaient, il ne savait pas fureter entre les silences et les mots pour découvrir la vérité alternative.
Non, ça, il ne savait pas faire. Il n’avait jamais su, il doutait d’en être un jour capable.
Une femme a beaucoup de secrets apparemment. Et pour un homme, elle en a encore plus. Et quand ces secrets sortent enfin de leur tanière…
Il était entre deux, à courir après l’une après avoir abandonné l’autre.
Il se trouvait un peu maudit. Il sentit un peu de colère en lui. Mais non, se calmer surtout ! Ce n’est pas le moment de perdre son sang froid.
« Elsa, ma chérie… Qu’y-a-t-il ? » Qu’allait-elle répondre à ça ? S’excuser encore ? Prétendre ne pas comprendre pourquoi elle s’est emportée ? Feindre l’égarement momentané ? Et qu’allait-il dire à Juliette ? « On arrête tout, tu rentres chez toi ? »
Il ne la voyait toujours pas. La forêt et les arbres, le feuillage, le sentier sinueux pouvaient encore la cacher si elle avait quelques centaines de mètres d’avance.
Et la clairière n’était plus très loin. Au moins, elle sera revenue à la voiture, elle n’irait pas plus loin. Oui, qu’elle n’aille pas plus loin, qu’il la retrouve là. Il voulait plus que tout la rejoindre, la prendre dans ses bras; qu’elle comprenne qu’elle n’a rien à craindre, qu’il est là, qu’il l’aime.
Il faudrait qu’elle comprenne quand il la serrerait contre lui car il était à court de mots; il avait peur de ne pas trouver les bons.
La prendre dans ses bras, la lover contre son épaule, embrasser son front, lui dire « Je suis là » et ça irait mieux.
Et ils repartiraient chercher Juliette.
Il la trouva dans la même position que Juliette à son départ, assise, pleurant.
Il s’approcha : « Elsa !
– Je suis désolée…
– Je sais… »
Il s’agenouilla à ses côtés, déposa ce baiser qu’il avait prévu sur son front, essuya avec ses mains ces larmes qui coulaient sur les joues d’Elsa. Et il la prit dans ses bras, il la serra fort, aussi fort qu’il pouvait, comme pour expulser cette douleur de son corps.
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C’est un régal !
Merci fort fort !!
et bien !!! Pauvre Juliette abandonnée …
Va t-il allé la serrer dans ses bras elle aussi ?
Ah ah !! Qui sait ? Peut être lui offrira-t-il une sincère et chaleureuse poignée de main ? Ou un high-five gangsta’style ?… Ou encore un frotis-fro-fesses (moins probable cependant !) ? Vous le saurez… Vous le saurez !