Alexandre avait écrit qu’il fallait qu’elle coupe, qu’elle fasse un break et que l’air de « sa » montagne, c’était ce dont elle avait besoin.
Il l’avait invitée.
Après avoir demandé à Elsa si cela ne la dérangeait pas.
Alexandre y mit le ton le plus détaché qu’il pouvait et Elsa prit soin de ne rien relever.
Elle acquiesça, argumentant qu’elle serait « ravie » d’enfin connaître Juliette.
La fameuse Juliette, celle dont Alexandre et ses amis parlent parfois au détour d’une anecdote en des termes élogieux ou touchants. Surtout Alexandre.
Elsa s’était toujours interdit d’être jalouse d’un souvenir. Elle n’allait pas le devenir ce week-end.
Et elle était sûre des sentiments d’Alexandre pour elle. Elle-même.
Quant à Juliette, celle qui semblait être « quelque chose » pour Alexandre, Elsa ignorait juste ce qu’était ce « quelque chose ».
Alexandre ne semblait pas plus le savoir. Juliette non plus.
« Je serais vraiment ravie de la rencontrer » crut-elle utile de rajouter.
Il fallait patienter plusieurs jours. Juliette se dit que, pour une fois, le rythme effréné de la capitale saurait se rendre utile.
Elle retourna à Orsay juste pour l’édifice car elle avait déjà vu cette collection il y a trois semaines.
Elle prit le temps de flâner au deuxième étage, s’accorda un café atmosphère Années 30 hors de prix qu’elle but en de courtes et nombreuses gorgées en observant la vie autour d’elle, ces gens accaparés, ces couples, ces familles emportés par le rythme, incapables de tenir en place plus de dix minutes. Au prix de la consommation.
Juliette tint vingt ou vingt-cinq minutes puis sortit.
Pour elle , c’était l’inverse, il fallait remplir, faire défiler ce temps.
On n’était que lundi.
Elle trouva une pièce de théâtre qui méritait d’être vue, s’astreignit à aller à deux cours de danse au lieu d’un, vit Elena pour lui laisser les clés de l’appartement et la consigne de checker le chat dans le week-end, qu’il ait de quoi manger.
Cela l’amena jusqu’au mercredi soir.
Malgré ses efforts et ses doléances récurrentes, Chronos prit patiemment le temps d’arriver au Vendredi.
Le jeudi, elle trouva quelques dossiers à ranger au travail histoire de prolonger sa présence au-delà des dix-huit heures réglementaires.
Ce soir-là, elle se décida à faire cette valise pour trois jours ; elle la remplit, la vida plusieurs fois pour finalement décider qu’une valise n’est jamais plus adéquate que quand elle est faite au dernier moment.
Le lendemain, la valise criait encore famine à seize heures et il devint urgent de la « nourrir », elle se décida à y jeter une robe au cas où, deux jeans car elle se connaît, trois hauts qu’elle aimait beaucoup, son filet à lingerie, son énorme trousse de toilette et un pull parce que la montagne même au printemps, même dans le Sud.
Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas rallié Midi-Pyrénées.
Le métro était bondé et elle arriva à Montparnasse comme tous les autres, dans le stress, la précipitation, l’excitation mais pas la bonne.
Courir toujours. Quai 7. Et cette valise si lourde alors qu’elle était presque vide. Quasiment vide. A peine trois petits hauts. Elle n’avait pas osé prendre le quatrième qu’elle aimait tellement, qui lui allait si bien; ç’aurait été… peut être pas trop mais…
Le train l’avait attendue car en retard. Elle laissa les autres passagers exprimer leur colère à sa place.
Quinze minutes de patience étant requises, elle saisit ce gros bouquin qu’elle avait acheté la veille et s’y plongea puisqu’il n’y avait que cela à faire.
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Fort bien décrite la valise 🙂
Allez, je file lire la suite !
L’histoire de la valise est le fait d’un chat connaisseur, s’est-il donc glissé dans la valise pour qu’elle soit si lourde -)°