Telle était son arme.
Vous l’avez sûrement remarquée en traversant le square ce jour-là.
Elle était assise sur ce banc comme emportée dans des pensées lointaines. Très loin de vous.
Vous lui avez prêté attention un instant, vous noyant dans son regard mélancolique.
D’elle transparaissait cette douceur naturelle et sans fard qui inspire empathie et donne envie de la connaître.
Et pourtant vous ne vous êtes pas hasardés. Tout au plus vous êtes-vous autorisés un regard.
C’est étrange comme certaines étiquettes collent à la peau au point de l’imprégner.
Vous en étiez entre l’envie de la serrer fort dans vos bras et celle de ne surtout pas la toucher, la laisser immaculée, juste la dévorer des yeux.
Mais comment penser qu’elle pourrait de vous goûter toute attention ?
C’est cette dernière pensée qui l’emporta.
Qui l’aurait imaginé en attente ? Qui l’aurait pensé seule, sans cette main faite pour tenir les siennes, sans quelqu’un déjà dédié à ses désirs.
Et pourtant !
… Seule, elle l’était… Sa raison se situait entre l’envie et le subi.
A trop s’être faite doucher d’espoirs, à trop s’être mouillée dans des histoires pas nettes, elle s’était résolue à cette « inquiète circonspection », saint-thomas-tant qu’on l’y reprendrait peut être mais… Peut être.
D’ici à ce que ce souhait ardent, qu’elle cachait enfoui derrière son ego farouche, ne vienne à se réaliser, elle feignait le doute que…
«Le « doute que… » est un sombre et diabolique état qui vous saisit adulte-faisant pour ne plus vous lâcher le reste du chemin.
L’inquiète circonspection était depuis deux années son ombre la plus fidèle à la fois cape la protégeant et œillère la restreignant.
Elle lui intimait méfiance en tous lieux, prudence en tous contacts, recul et mesure en toutes situations. Ainsi freinée, comment se laisser emporter par la bonne vague venant la bercer ?
Comment sinon en saisissant la main tendue.
Vous n’en fîtes rien, ce pouvoir vous semblant trop démesuré pour vos maigres talents.
Elle est restée là, vous avez passé votre chemin…